Organiser une rencontre, partager un repas, fêter un anniversaire, célébrer une fête, inviter chez soi, aller dîner chez des voisins. Le plaisir d’être ensemble semble avoir laissé la place au casse-tête et aux conflits autour du vaccin. Que dire, que faire pour rester en lien ?
Le “qui est vacciné ?” semeur de discorde
Le temps des confinements nous a demandé de renoncer aux pauses café et à tant d’autres marques d’hospitalité, d’actes ou des symboles qui jalonnent les relations de confiance et de partage entre humains.
Aujourd’hui le retour aux rencontres physiques, aux dîners et réunions en présentiel est source de questionnements et d’émotions intenses. Chacun observe les différences d’application des gestes barrières au sein de son équipe, dans son entourage ; nombreux se questionnent sur les mesures sanitaires à mettre en place lors d’une réunion, d’une formation ; la question “Qui est vacciné ?” revient de plus en plus souvent sur la table.
Comment réagir ?
Nous entendons de nombreuses personnes tergiverser : “Son respect des règles sanitaires ne me convient pas : puis-je lui demander de remettre son masque ?” ; “Je suis tellement déçue qu’il ait accepté de se faire vacciner : comment lui dire ?” ou a contrario : “Va-t-on participer à cet évènement alors qu’il y aura des personnes non-vaccinées” ?
Au sein des familles ou entre collègues, chacun se demande comment faire pour rester proches, rester en lien malgré les opinions différentes sur la nécessité de se faire vacciner. On tâtonne, on s’interroge. Est-ce que je peux accepter de travailler, de vivre avec quelqu’un qui porte le masque de telle façon, ou ne le porte pas, quelqu’un qui refuse d’être vacciné, ou qui refuse de côtoyer des personnes non-vaccinées ?
Et si on se posait soi-même la question de ce qui est important pour nous : Est-ce que je me sens en insécurité dans telle situation ? Ai-je peur de contracter le virus au contact de cette personne ? Suis-je agacé·e par son rapport à l’autorité de l’État, par son opinion sur la santé ?
Avant que la migraine ne s’installe à l’idée de préparer tel évènement professionnel ou familial, nous pouvons aussi oser demander aux participants : “Pouvons-nous discuter des règles sanitaires que nous appliquons pour bien vivre ce moment et nous sentir en sécurité les uns avec les autres, vaccinés ou non, personnes à risque ou pas ? ”
Chercher le tiers pour renouer le lien
Parfois des opinions irréconciliables ont pris toute la place, les paroles sont allées trop loin. Souvent une approche dualiste pour/contre, raison/tort, a fait perdre toute écoute réciproque et reconnaissance mutuelle. Dans ce cas, si l’on sent que nous n’avons plus la force de nous comprendre, faire appel à une personne extérieure peut être une voie de sortie.
En effet, retisser des liens, rétablir des relations avec des proches ou des collègues demande du travail, et bien souvent cela commence par identifier un temps et un lieu pour en parler. La présence d’un médiateur peut alors permettre d’aller au-delà des émotions désagréables, des peurs, des préjugés sur ce que l’autre pense et veut. Au bout du chemin : le soulagement d’être entendu·e, de se retrouver, d’avancer vers des relations apaisées avec des pistes concrètes sur comment vivre ou travailler ensemble.
Bref, si vous n’arrivez plus à vous parler de vaccin : ni une ni deux, allez chercher un tiers.
*Photographie personnelle. “Conflit d’intérêt”, Levalet, Gare St Lazare à Paris, 2016.
