Du 5 au 7 octobre se tenait le 2ème Congrès International de toutes les médiations à Angers. Six plénières et quinze tables rondes ont réuni huit cent participants et une centaine d’intervenant.e.s sur deux jours et demi. La 1ère édition avait eu lieu deux ans auparavant, c’est long ! Comme de nombreux collègues, nous nous faisions une joie de nous y rendre pour nous retrouver entre pairs, échanger, discuter et partager des problématiques communes. 

Un congrès de professionnel·les pour réfléchir aux enjeux actuels et à venir de la profession 

Médiation au travail, médiation scolaire, médiation familiale, médiation sociale, médiation citoyenne, médiation institutionnelle, médiation réparatrice, médiation internationale, etc : des médiateurs·trices officient dans de multiples champs. En dépit de leurs différences, des enjeux les rassemblent : quelles sont les pratiques actuelles ? Quelle déontologie commune, quelles spécificités ? Quelle formation pour ces professionnel·les de la relation ? Comment repenser la place de la médiation dans un contexte de développement du numérique et de digitalisation du travail ?

Ces moments d’échanges entre médiateurs·trices sont précieux, surtout que de nombreux sujets animent actuellement la structuration de la profession. Le besoin est fort de réfléchir ensemble à notre métier.

C’est simple, cela paraît évident et pourtant l’entre-soi nous questionne au sein du collectif Un Deux Tiers. La contradiction saute aux yeux : notre profession a besoin d’échanger sur ses pratiques mais les citoyens, entreprises, commanditaires, ceux qui font appel à cette pratique sont les grands absents de l’événement ! Les nombreux enjeux qui touchent la médiation actuellement sont alors cantonnés à être compris et traités seulement par les initiés.

Une opportunité manquée de faire de la pédagogie sur la médiation ?

S’il est certain que ce congrès s’adresse avant tout aux médiateurs·trices professionnel·les, on peut néanmoins se demander comment faire participer et inclure les médié·e·s qui sont au cœur de notre pratique.

En effet la médiation peine à s’imposer dans notre société comme un mode naturel de gestion de nos conflits, de régulation du dialogue. Il existe un frein à l’acceptation du processus dans notre culture française, plus encline au combat judiciaire qu’à la négociation. 

Chaque médiateur·trice sait qu’une grande partie de son activité sera dédiée à la promotion et à la sensibilisation à la médiation. Et c’est d’autant plus frustrant après ces trois jours d’ébullition intense, de conférences passionnées où l’on ressort galvanisé, persuadé que la médiation a toute sa place pour la construction d’un nouveau projet de société, de nouvelles relations où l’écoute, le dialogue, la recherche de compromis seraient au centre. Or, nous en sommes toujours à informer, proposer, convaincre le grand public de la puissance de ce mode amiable de gestion de conflits et non à mettre en place des médiations pour les résoudre. C’est comme si nous restions coincés dans la préface d’un livre qui nous promettait des actions concrètes pour l’apaisement de la société mais que nous ne dépassions jamais le premier chapitre.

Quelles pistes pour redonner une place au public extérieur à la médiation dans ce type de rassemblement ? 

Nous envisageons, humblement, les idées suivantes pour sanctuariser des temps ouverts à tous et toutes pour informer, donner à voir ce qu’est la médiation : 

Cela pourrait se faire via des mises en scène d’une séance de médiation, des ateliers d’éducation populaire dans la rue pour aller vers les personnes concernées ;

Du théâtre forum pour pousser le public à être acteur de sa recherche de solutions ;

Des témoignages de personnes ayant eu recours à la médiation qui pourraient exprimer leur ressenti et faire un bilan de leur médiation auprès du grand public.

Il est évident que chaque professionnel de la médiation à son échelle n’a pas une force de frappe suffisante à lui tout seul pour faire connaître la médiation sinon nous n’en serions pas là trente ans après son arrivée en France. En cela, nous sommes reconnaissant·e·s aux organisateurs du Congrès d’Angers de nous avoir offert des espaces de travail et de complicité entre pairs, médiateurs et médiatrices de tous horizons. Gageons que les prochaines manifestations de grande ampleur de notre profession pourront utilement combiner la joie de l’entre-soi et une meilleure connaissance de la médiation pour le grand public.  

 

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