Pourquoi est-ce si difficile de dire « pardon » au travail ?

 

Combien de fois en médiation avons-nous entendu “Je veux juste des excuses”. Mais, comme le dit la belle chanson d’Elton John, “Sorry seems to be the hardest word”.

Des tensions, des incompréhensions, des conflits s’installent et durent parce qu’un “pardon” n’est pas prononcé. Comment expliquer cette situation ? Qu’est-ce qui rend ce mot si difficile à prononcer ?

« Sois fort »

Le cadre de travail valorise l’énergie consacrée aux tâches, la focalisation sur les résultats, la force et la ténacité face aux aléas. Dans un milieu qui valorise la performance, dire pardon peut sembler un échec. Car demander pardon, c’est prendre la responsabilité d’une action/absence d’action, de paroles dites/non dites qui ont eu un impact négatif, qui ont blessé l’autre. 

Certaines personnes peuvent croire que dire pardon c’est se montrer faible. Elles  s’autocensurent pour éviter d’écorner leur image de chef ou de collègue qui assure. En un mot, elles  ont une représentation négative du pardon. 

Pourtant celles et ceux qui ont osé dire ou demander pardon savent l’énergie qu’ils-elles ont dû déployer, les nuits sans sommeil, la force que cette démarche leur a demandé ! Ceux-là se souviennent aussi du soulagement mental et corporel procurés par ce pardon, par le fait d’avoir admis un raté dans un moment de relation avec l’autre.

Le temps fait-il vraiment son œuvre ?

D’autres croyances freinent la démarche de pardon. Les fameux « ça passera avec le temps ! » ou « elle finira par oublier ! ». Lors d’une médiation récente, un directeur de production a cité mot pour mot une phrase méprisante prononcée par sa collègue de la qualité un lundi matin à 10h30 en 2015 au cours d’un comité de direction. Incroyable mémoire des mots qui sonnent comme des murs pour paraphraser Marshall Rosenberg, fondateur de la communication non violente. 

Lorsque la collègue a présenté ses excuses, le visage du manager, à moitié caché par son masque, s’est détendu et un long soupir s’est fait entendre. Si le temps fait « son œuvre », c’est une œuvre de serrage de nœuds qui restent bien présents dans les relations, c’est une œuvre de pourrissement des situations. A l’inverse, ne pas attendre avant de demander pardon démêle et aide à recréer du lien.

 Ralentir pour se dire les choses qui fâchent

Mais à quel moment revenir avec son collègue sur ce « truc » qui met mal à l’aise ? Quel espace pour exprimer cet inconfort entre toutes les affaires courantes, les réunions, visios, calls, et « to do list » longue comme le bras d’un basketteur de NBA ?

L’expression du pardon a besoin d’un temps et d’un cadre. Appuyer sur « pause » pour échanger, dans un bureau sans être dérangé, pendant les à-côtés d’un séminaire, dans un restaurant… Le pardon ne peut pas se dire et s’entendre entre deux portes. 

Parfois les tensions sont vives, l’escalade du conflit est en marche et seul un tiers, médiateur neutre et impartial, formé à l’écoute active, va pouvoir créer les conditions pour que les mots aient le temps de se dire.

 

About the author

Leave a Reply

Un Deux Tiers

Un Deux Tiers est un collectif de médiateurs
qui peut vous aider à démêler des situations conflictuelles et à recréer du lien.

Parlons-en

Vous souhaitez en savoir plus, parler médiation, ou faire appel à nos services ? N'hésitez pas à nous contacter.