A la fin d’une médiation, nous invitons chacun·e à dire un mot, une phrase pour partager son ressenti ici et maintenant. Cette fois-là, le directeur adjoint de l’établissement médico-social partait à la retraite quinze jours plus tard et il a terminé par ces mots « Je n’avais pas envie de venir, après tout je suis sur le départ, je ne voyais pas le sens d’être là. Mais je suis content d’être venu ».
S’engager dans une médiation
Dans toute médiation qui démarre, nous entendons les freins : « oui, il faut qu’on se parle mais je ne le sens pas », « je n’ai plus confiance, comment le/la croire ?», « on a déjà essayé de se parler, je doute que ça serve à quelque chose », « j’ai peur de me retrouver dans la même pièce », etc.
Certaines personnes nous disent qu’elles attendent beaucoup de la médiation, qu’elles ont « hâte » d’y être. Bien souvent ce qu’elles attendent surtout, c’est que « ce soit passé ».
Ces craintes, ces préoccupations avant la rencontre font partie intégrante de la médiation. Les entretiens préparatoires individuels servent à mettre au travail ces inquiétudes et ces freins. Le médiateur·ice prépare chacun·e à rencontrer cet Autre avec qui il est si difficile de parler. Nous déployons alors notre savoir-faire en termes d’écoute bienveillante pour créer les conditions ajustées d’un dialogue.
Quel sens d’aller en médiation alors qu’on est sur le départ ?
Cela peut paraître coûteux sur le plan émotionnel, logistique et financier de s’engager dans une médiation alors que l’on va bientôt quitter son poste, partir à la retraite, changer d’équipe ou d’associé·e. Pourquoi s’infliger une discussion confrontante alors que la séparation est déjà actée, voire imminente ?
Notre expérience montre que se séparer en ayant pu s’expliquer sur les raisons du départ ou de la mauvaise entente jusqu’à présent sont bénéfiques à plusieurs titres. Cela peut permettre de comprendre ce qui s’est passé pour l’autre, d’exprimer ce qui reste sur le cœur, de reconnaître les malentendus éventuels, d’apprendre de ses erreurs et ne pas répéter des dysfonctionnements dans d’autres contextes professionnels.
La confidentialité du dispositif de médiation et la facilitation de la discussion par un tiers offrent un cadre sécurisant pour revenir sur ce qui a posé difficulté. Pas seulement pour « ressasser le passé », mais au contraire le « purger », éviter de reproduire des modes de communication dysfonctionnels, et se donner la possibilité d’avancer chacun·e de son côté, allégé de ce passif.